Roman(ce) en scène – Journée d’Etudes Paris 8

Réflexions et débats musicologiques s’appuieront sur deux ateliers pour explorer les possibilités sonores du pianoforte et la transmission des émotions des personnages par le jeu scénique.
Clotilde Verwaerde Enseignante Chercheuse Paris 8, Luca Montebugnoli pianiste, chercheur Orpheus Instituut

Les inscriptions sont closes

Heure et Lieu

30 nov., 14:00 – 01 déc., 14:00
Université Paris 8 Bibliothèque, 2 Rue de la Liberté, 93200 Saint-Denis, France

A propos de l’événement

Dans les dernières décennies du dix-huitième siècle, la romance est omniprésente dans les opéras et opéras comiques, dans les recueils et périodiques de musique vocale et dans les romans : les univers de la scène et du salon musical et littéraire se côtoient et s’interchangent parfois par le biais d’une romance ou de l’adaptation d’un roman en opéra, mélodrame ou pantomime.

Au mélange de dialogues parlés et de chant dans l’opéra-comique répond celui de la poésie et de la prose dans le roman, « mélange qui plaît, repose, et peut devenir une source féconde de beautés » selon le romancier et librettiste Jean-Pierre Claris de Florian (Essai sur la pastorale, p. 21).

Mandatés par l’auteur ou de leur propre chef, les compositeurs s’emparent des textes des romances pour les mettre en musique, faisant de l’œuvre littéraire un roman à lire et à chanter, un « roman en romances » selon la désignation du musicologue Manuel Couvreur.

Le 2 décembre 1819 paraît dans Le Camp- volant l’annonce d’une nouvelle collection complète des romances d’Estelle de Florian mises en musique par Joseph-Bernard Woets : suggestion est faite à cette occasion d’alterner lecture du roman et interprétation des romances pour « entrer ainsi dans la véritable intention de l’auteur ». Le roman devient alors l’équivalent de la représentation scénique dans le cadre plus restreint et intimiste d’un salon. Les modalités d’une telle restitution demandent cependant à être définies et constituent l’enjeu de ces journées d’étude.

La réflexion proposée repose sur les questions suivantes :

  • Quelle place occupe la romance dans les œuvres scéniques de la seconde moitié du dix-huitième siècle ?
  • Quelle est la place réservée aux textes des romances originales dans les adaptations scéniques des romans ? Les romances sont- elles conservées ou font-elles l’objet d’une réécriture au même titre que le reste du livret ?
  • Quels éléments d’interprétation musicale et de gestuelle scénique peut-on extraire de l’œuvre littéraire, d’une part, et des mises en musique complètes d’autre part ?
  • Quel est l’univers sonore convoqué et comment se l’approprier, comment le recréer ?Réflexions et débats musicologiques s’appuieront sur deux ateliers permettant d’explorer les possibilités sonores du pianoforte et la transmission des émotions des personnages par le jeu scénique – un aspect d’autant plus crucial qu’une lecture intégrale des romans sort dans bien des cas d’un cadre temporel acceptable selon les standards actuels des performances artistiques.

Programme 14h00-17h00 MERCREDI 30 NOVEMBRE 2022 :

  • 11h30 SanDrine DiVanaC’h (Sorbonne Université, IReMus) La Romance chez Hervé : Estelle et Némorin, une étude comparative. Estelle et Némorin, musique d’Hervé et livret de Jallais, se voulait une caricature du roman de Claris de Florian. Cette œuvre semble être la seule dans laquelle Hervé, adepte de la parodie, ait conservé à l’identique des passages textuels conséquents. Dans la première partie de sa carrière de compositeur, le créateur du Favori de la favorite – également librettiste – s’attachait à conserver la musique de ses homo- logues et non le texte ; bien au contraire, il en écrivait un entièrement nouveau. La partition de cet opéra-comique d’Hervé est, de surcroît, celle qui comporte le plus de Romances vraisemblablement afin de pasticher le style de M. de Florian. La dichotomie d’écriture musicale hervéenne dans Estelle et Némorin – facétieuse comme dans ses habitudes autant que sage ici – paraît avoir perturbé le public, comme l’atteste la presse de l’époque, engendrant son insuccès. L’étude comparative des Romances d’Hervé au sein de cette composition avec d’autres – extraites d’opérettes ou de chansons telle le Temps des roses – permettra de formuler plusieurs hypothèses, pour déterminer si Hervé compose autrement en fonction de l’auteur du texte ; si l’écriture de cet artiste s’avère différente des autres Romances composées précédemment ; s’il existe des points communs ou des dis- semblances avec celles du xixe siècle, car le genre a connu des évolutions depuis l’époque de Florian ; si les choix d’Hervé découlent d’une logique de conserver tel ou tel texte de cet auteur ou si cela procède d’une forme de hasard.
  • 14h00-17h00 luCa MontebuGnoli (pianiste et pianofortiste) Présentation et atelier pratique : L’univers sonore du salon et de la romance. Découverte des possibilités sonores du piano carré Érard (1806) de l’association La Nouvelle Athènes sous forme d’atelier d’interprétation des romances, accessible aux étudiants (sur inscription préalable) et animé par Luca Montebugnoli, professeur de pianoforte et de musique de chambre au CRR de Paris et au CRD de Bobigny.
  • 18h00 Moment musical de clôture par rebeCa lopez barrera (soprano) Présentation et interprétation de plusieurs romances. Quentin Delépine (comédien & metteur en scène) Présentation et atelier pratique : Mettre en scène la romance dans le roman. Lors de cet atelier nous aborderons les différents moyens à disposition en mise en scène pour interpréter une œuvre en respectant la contrainte d’être à la fois intelli- gible et sensible. Dans ce temps court il s’agira d’identifier rapidement les moyens disponibles (humains et matériels), de répartir les rôles et d’imaginer plusieurs idées de mise en scène. Il s’agira ensuite de produire plusieurs formes courtes en écriture-plateau, de les jouer, puis de mesurer collectivement leur efficacité, leur pertinence et les axes d’amélioration.
  • 18h00 Lecture-concert d’un extrait du roman d’Estelle de Florian Daphne Corregan (soprano) et Clotilde Verwaerde (pianoforte)

 

  • 10h00 JEUDI 1ER DÉCEMBRE 2022 Julien GarDe (Université Jean-Jaurès de Toulouse, LLA CREATIS) La romance cachée dans l’œuvre lyrique d’Edelmann L’œuvre lyrique d’Edelmann interroge par la diversité des genres représentés. De la tendre pastorale à la sérieuse scène lyrique en passant par l’académique ballet, Edelmann croise les genres et tente, après les succès retentissants de Grétry et de Gluck, de proposer un modèle hybride, capable de rassembler l’énergie dramatique du drame gluckiste et la grâce sensible de l’opéra-comique. Le travail sur la romance participe de cette réflexion artistique. Jamais nommée comme telle, la romance in- tègre pourtant le drame d’Edelmann dans une recherche de peinture psychologique tendre et touchante. À la lumière des romances séparées que le compositeur publie dans les périodiques, mais aussi en comparaison des cantabile qui refusent juste- ment la romance, nous proposons d’observer ces airs qui mettent l’accent sur les qualités vertueuses des héroïnes féminines par la référence au langage musical de la romance.
  • 10h45 ClotilDe VerwaerDe (Université Paris 8, Musidanse) L’interprétation musicale dans le roman en romances Répertoire emblématique de la musique vocale française autour de 1800, la romance a la particularité d’unir les univers littéraire, scénique et musical : de nombreux romans publiés entre 1780 et 1820 présentent un mélange de prose et de vers. Ces poèmes sont au centre de scènes musicales pour lesquelles leurs auteurs fournissent souvent une description détaillée de la prestation et du ressenti des person- nages. Si certains compositeurs puisent de façon sélective des textes à mettre en musique dans ce corpus, d’autres abordent l’œuvre littéraire de façon plus complète en lui consacrant un recueil entier, traitant parfois l’intégralité des pièces en vers. Intégrée à une restitution orale du récit, l’intervention du chant devient un mode de scénarisation. L’analyse de différentes mises en musique de cette période révèle la façon dont le compositeur prend en compte la trame narrative et les choix interpré- tatifs qui peuvent en découler.
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