Description
Programme
Giacomo Ferrari (1763 – 1842)
Sonates pour piano*
Luigi Cherubini (1760 – 1842)
Sonates pour piano*
Francesco Pollini (1762 – 1846)
Sonates pour piano*
Louise Farrenc (1804 – 1875)
Variations brillantes op.15 sur la cavatine « Nel veder la tua costanza», tiré de l’Opéra Anna Bolena**
Stefania Neonato
*Piano carré Erard 1806, collection La Nouvelle Athènes
**Piano à queue Pleyel 1839, collection Ad Libitum
Présentation
Dans une période de grands échanges artistiques entre les musiciens et les artistes européens, le tournant du XIXe siècle apparaît comme particulièrement poignant et riche, en raison de la vivacité culturelle de la ville de Paris et de l’attrait de la Révolution française en tant que modèle d’un nouvel ordre éthique et politique, idéal repris dans une certaine mesure par les troupes napoléoniennes en Allemagne et en Italie. Les cercles culturels et artistiques, enflammés par ces nouveaux idéaux, prospèrent.
Après des décennies d’hégémonie artistique italienne en Europe, la domination des Habsbourg et de la France en Italie a permis à des compositeurs, chanteurs et instrumentistes italiens d’établir leur carrière au-delà des Alpes, créant ainsi des passerelles culturelles fertiles entre différents pays.
Les compositeurs d’opéra italiens, comme Cherubini, Bellini, Rossini et Donizetti, ont fait fortune à Paris, les pianistes italiens beaucoup moins. Paris n’est devenu la nouvelle capitale des virtuoses du piano après Vienne et Londres. Avec la création du premier conservatoire en 1795, Paris a établi de nouvelles normes instrumentales, donnant l’exemple à de nombreux autres pays qui se sont lancés dans l’enseignement professionnel de la musique.
Le programme proposé comporte des pièces de compositeurs qui ont séjourné et travaillé à Paris. C’est le cas de Giacomo Gotifredo Ferrari (Rovereto 1763 – Londres 1842) à Paris entre le 13 juillet 1787 et le printemps 1792. Professeur de piano et de chant recherché, il rencontra Marie-Antoinette et joua pour elle (ainsi que pour Joséphine la marquise Beauharnais). Luigi Cherubini (Florence 1760 – Paris 1842), grand compositeur d’opéra, est arrivé à Paris en 1787 et y a passé toute sa vie, en tant que directeur du Conservatoire entre 1822 et 1842.
Le cas de Francesco Pollini (Slovénie 1762 – Milan 1846), élève de Mozart, qui composa un Te Deum pour le couronnement de Napoléon en 1805, exécuté dans le Dôme de Milan, est intéressant. Compositeur virtuose de musique pour piano, il rédigea également le célèbre traité Metodo pel Clavicembalo (1812) dédié à Eugène Napoléon de France (Eugène de Beauharnais) et commandé par le tout nouveau Conservatoire de Milan (1808) où il fut nommé membre honoraire, un titre qui n’est pas sans prestige. Le Conservatoire de Milan est né avec l’aide du gouvernement français et il n’est donc pas surprenant de voir des influences françaises dans la musique pour piano et la pédagogie de Pollini (de Louis Adam, en particulier). L’ami et protégé de Pollini, Vincenzo Bellini (Catane 1801 – Puteaux 1835), a séjourné à Milan entre 1827 et 1833 et lui a dédié la réduction pour voix et piano de La Sonnambula, publiée par Ricordi en 1831. Bellini a séjourné à Paris entre 1833 et 1835, invité régulièrement au salon révolutionnaire de la princesse Cristina Belgiojoso, où il a rencontré entre autres Cherubini et Chopin.
Ce programme présente également un exemple extraordinaire de femme parisienne, compositrice et pianiste : Louise Farrenc (Paris 1804-1875). Elle acquit une renommée considérable en tant qu’interprète dans les années 1830 et sa réputation était telle qu’en 1842, elle fut nommée au poste permanent de professeur de piano au Conservatoire de Paris, poste qu’elle occupa pendant trente ans.
En 1830, Gaetano Donizetti (1797-1848) remporte son plus grand succès et son premier succès international avec Anna Bolena, donné au Teatro Carcano de Milan le 26 décembre 1830 avec Giuditta Pasta dans le rôle-titre et le célèbre ténor Giovanni Battista Rubini dans le rôle de Percy. Avec cet opéra, Donizetti acquiert une célébrité instantanée dans toute l’Europe. Des représentations ont eu lieu partout en Italie entre 1830 et 1834, puis dans les capitales européennes jusqu’en 1840. En 1835, Farrenc compose les Variations brillantes sur la Cavatine « Nel veder la tua costanza » de Anna Bolena op. 15, contribuant ainsi à la mode de diffusion des airs d’opéra italiens célèbres de l’époque par les virtuoses du piano.
Stefania Neonato piano